PARTITIONS

PROGRAMME : Installation artistique pour architecture et musique générative et interactive
MISSION : Architecte et design
DATE : 2013

Partitions est une architecture modulaire, générative et interactive dynamique, qui produit des mouvements de paroi en temps réel, diffusant musique, son et lumières. Les mouvements architecturaux commencent en position « fermée » au début de la journée. Ses « bras » mécaniques se déploient en plusieurs heures pour revenir au point de départ à la fin de la journée.
 
Partitions est un «souffle» architectural en constante évolution dans sa nature cyclique comme le mouvement des vagues sur un rivage. Les mouvements cycliques de Partitions suggérèrent une sorte de renaissance continue, un retour continuel à sa forme originale. Partitions, à travers ses mouvements, est enrichie par la présence du public qui modifie son comportement en terme de vitesse de déplacement des « bras » mécaniques en questionnant donc la perception du temps de déplacement.
 
Partitions est une « machina » (ancien terme latin) de scène qui joue de la musique et émet de la lumière. C'est un espace d'écoute de la musique, composée sur les mêmes critères de composition architecturale : une musique générative et interactive pour un public toujours en mouvement.
 
Partitions est à la fois une composition architecturale et musicale qui deviennent nécessaires les uns aux autres et le public, conscient et actif, en devient l'interprète. La musique et l'architecture sont inextricablement et intrinsèquement liés pour offrir au public une expérience qui va au-delà de l'horizon de simplement « être dans un espace donné» ou simplement de « l'écoute d'un morceau de musique donné ». Partitions offre au public la possibilité de découvrir une nouvelle façon de percevoir l'espace architectonique et la projection sonore.
 
Partitions, du point de vue de l'architecture, est basé sur une base symétrique de croix. L'intention est d'adopter un archétype de la composition, de manière atemporelle, mais en même temps connu de chaque culture en tout moment historique : le totem. La forme de départ de Partitions est une croix totémique, qui comme tout archétype, se présente comme un « arcan ». Quelque chose de si bien connu que les gens ne vont pas se concentrer sur sa forme, mais sur ses mouvements.
 
Les huit parties mobiles de Partitions sont composées et articulées comme des « mains » et « bras » autour d’ « épaules ». Ces huit parties se déplacent toujours autour des axes orthogonaux qui donnent Partitions une cardinalité précise de l'espace. Partitions dévoile et révèle sa forme géométrique seulement dans sa position de départ, avec toutes les parois fermées. Cette position existe seulement au début de la journée, et à la fin de la journée, après des mouvements lents et continus qui génèrent de nouvelles formes. D'une certaine manière Partitions est une définition utopique de l'espace, parce que la seule façon de saisir sa géométrie est de regarder Partitions pendant toute une journée.
 
Le mouvement des parois est dicté par une composition prédéfinie qui se modifie suivant un système génératif s’adaptant en fonction de la présence et des mouvements du public à l'intérieur et à l'extérieur Partitions. Les mouvements lents des parois sont enrichis par la présence de personnes qui en modifient, non seulement la position dans de l'espace, mais aussi leur vitesse de mouvement et donc la perception du temps.
 
La musique et les sons changent aussi de la même façon que les mouvements de la structure architecturale. La musique est basée sur des modèles génératifs et interactifs, pré-composés, capables de changer en fonction de plusieurs types de perturbations et d’interpolations. En ce sens, Partitions est comme «  le sable et la mer ». Tout ce qui est dessiné dans l'espace et « chanté » par les cloisons ne reste pas. La présence du suivant efface le précédent. De cette façon, lorsque les mouvements antécédents sont effacés par les mouvements d’après, même s’ils ont été produit par une même personne, la notion d’éphémère surgit : ce que vous regardez et ce que vous écoutez est mis en évidence par sa mouvance. Musique et espace se révèlent comme des modèles « cohérents » qui peuvent être mémorisés, non pas comme des formes fixes, mais dans leurs mouvements.
 
Partitions est aussi une sorte de « transgression »: vous pouvez le toucher! Toucher un mur lui fait changer de direction. L'espace peut être modulé non seulement par la présence d'une personne, mais également par ses décisions. Rien n'est hasard dans Partitions, mais c'est toujours une question de choix. Le choix de l'architecte pour la définition de temps dans l'évolution de l'espace et de sa forme, et le choix de spectateur à attendre et regarder dans cet espace ou de le changer dans les directions de leurs mouvements.
 
Dans Partitions l’écoute a deux dimensions distinctes : les sons et la musique. D'une part, la musique générative et interactive (suivant les mêmes critères architecturaux) est diffusée par les murs eux-mêmes : des mélodies, des harmonies, des séquences rythmiques, etc. D'autre part, un environnement sonore est constamment mixé comme un fond musical. Plus le public se déplace d'une section à l'autre, plus Partitions dévoile la musique. Là où personne ne se déplace, un fond sonore devient prédominant. Lorsque le public se déplace à travers les différentes parties des cloisons, une musique plus complexe s'articule suivant le comportement des mouvements des parois.
 
Partitions est une machine de lumières, de musiques et des mouvements architecturaux qui dessine des espaces, ouvre des perspectives inattendues, crée des séquences imprévues, ouvrant à des relations spatiales dans un dessin dynamique continue. Partitions produit des « moments esthétiques » à travers la révélation continue (épiphanie) de nouveaux sons, de nouvelles formes, de nouveaux espaces, dans un seul et même environnement.
 
Partitions a la capacité de créer une « perception du temps suspendu », grâce à la redéfinition de nos paramètres d'orientation habituels. Tout ce que nous savons sur la façon de se comporter dans un espace donné, vers où regarder et ce qu'il faut écouter, est redéfini. Ce que nous savons « a priori » (en théorie) glisse vers une nouvelle dimension artistique : Partitions ouvre à l'inattendu, l'imprévisible, à la constante évolution.